XX° SIECLE
EVOLUTION CONSIDERABLE DE LA PECHE
Dans les dernières années du XIX° siècle le Docteur Baudoin définissait ainsi la pêche à St Gilles Croix de Vie Les marins des deux ports très voisins ... se livrent à
la pêche à la sardine et s'y livrèrent de façon presque exclusive jusqu'à ces dernières années. St Gilles et .Croix de Vie n'ont jamais armé pour le thon, le maquereau et l'anchois. On y vit presque exclusivement du produit de la pêche à la sardine. Mais depuis quelques années la pêche hivernale des espèces littorales (grande pêche à la drague) à l'aide de grandes barques dites "pontées" dans ce port donne de beaux résultats".
Cette description est restée valable jusqu'à la guerre de 39‑45 : la grande caractéristique était la quasi exclusivité de la pêche à la sardine l'été. La plupart des marins sortaient peu l'hiver; seuls allaient à la mer quelques grands cotres assez forts pour faire la drague.
Par ailleurs la pêche à la sardine, qui était restée exactement semblable à elle-même pendant des siècles, allait évoluer très vite. Vers 1925 se produisit un changement considérable .les pêcheurs adoptèrent le moteur marin. Très vite les chaloupes en usage depuis trois siècles cédèrent la place aux bateaux mixtes c'est à dire à voiles et à moteur. Ils étaient gréés en cotres avec foc, trinquette, grand'voile et flèche et portaient des moteurs de puissance moyenne. Ces bateaux, longs de sept à douze mètres étaient soit "creux" c'est à dire pontés seulement à l'arrière, soit entièrement pontés pour les plus grands. La guerre de 39 45 et surtout l'occupation amena un ralentissement de la pêche : les restrictions de carburant obligèrent les pêcheurs à se gréer en gazogènes. Il fut même construit un bateau mixte à voiles qui ressuscita les méthodes du passé.
Nouveau bouleversement et de taille dans la pêche à la sardine après la guerre de 39 45 : le filet droit importé par les Maure au XVII° siècle fut abandonné pour le filet tournant ou "bolinche". La sardine ne se maillait plus, elle était capturée dans une vaste poche
Tout d'abord il fallut des navires plus fort et ce furent des coques analogues à celles des chalutiers thoniers. Plus forts ils étaient plus coûteux et demandaient un équipage assez nombreux, une douzaine d'hommes au moins. Il en résulta que leur nombre diminua. Ils ne furent jamais plus d'une trentaine.Autre conséquence : les quantités pêchées augmentèrent considérablement : avec le filet droit elles se comptaient en centaines de kilos par bateau ; désormais on parla en tonnes.
La pêche au filet tournant et celle des thoniers chalutiers apportèrent au pays dans les années d'après‑guerre une prospérité notable. Rares furent désormais les cas de misère ; presque tous vivaient bien et certains mêmes étaient devenus fort aisés : deux ou trois bonnes saisons de sardine, quelques campagnes de thon réussies permettaient d'amortir le bateau et c'était l'aisance chez beaucoup. où était-il le temps où il fallait attendre la venue de la sardine pour payer le boulanger ?
Cependant les conditions allaient encore se modifier. La sardine se fit de plus en plus rare et vers 1975 les derniers sardiniers désarmèrent. Ce fut un crève coeur pour les pécheurs de St Gilles Croix de Vie qui avaient toujours eu cette pêche dans le sang.